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18 août 2014 1 18 /08 /août /2014 21:43

 

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Romancier britannique dans la fleur de l'âge, Jasper Gwyn a à son actif trois romans qui lui ont valu un honnête succès public et critique. Pourtant, il publie dans The Guardian un article dans lequel il dresse la liste des cinquante-deux choses qu'il ne fera plus, la dernière étant : écrire un roman.

Son agent, Tom Bruce Shepperd, prend cette déclaration pour une provocation, mais, lorsqu'il appelle l'écrivain, il comprend que ça n'en est pas une : Gwyn est tout à fait déterminé. Simplement, il ne sait pas ce qu'il va faire ensuite. Au terme d'une année sabbatique, il a trouvé : il veut réaliser des portraits, à la façon d'un peintre, mais des portraits écrits qui ne soient pas de banales descriptions.

Dans ce but, il cherche un atelier, soigne la lumière, l'ambiance sonore et le décor, puis il se met en quête de modèles. C'est le début d'une expérience hors norme qui mettra l'écrivain repenti à rude épreuve.

 

Qu'est-ce qu'un artiste ? s'interroge Alessandro Baricco, dans ce roman intrigant, brillant et formidablement élégant. Pour répondre à cette question, il nous invite à suivre le parcours de son Mr Gwyn, mi-jeu sophistiqué mi-aventure cocasse. Et, s'il nous livre la clé du mystère Gwyn, l'issue sera naturellement inattendue.

 

 

Extrait :

 

Toutefois, au fil des jours, il commença à sentir peser sur ses épaules une forme singulière de malaise qu'il peina à comprendre au début, et qu'il apprit à identifier seulement au bout de quelque temps ; même s'il était ennuyeux de l'admettre, le geste de l'écriture lui manquait, et avec lui l'effort quotidien pour mettre en ordre ses pensées sous la forme rectiligne d'une phrase. Il ne s'y attendait pas, et cela le fit réfléchir. C'était comme une petite démangeaison qui survenait chaque jour et promettait d'empirer. De fil en aiguille, Jasper Gwyn se demanda s'il n'y avait pas lieu de passer en revue des métiers marginaux dans lesquels il pourrait cultiver la pratique de l'écriture, sans que cela implique nécessaire un retour immédiat aux cinquante-deux choses qu'il s'était promis de ne plus jamais faire.

Des guides de voyage, se dit-il. Mais il lui faudrait voyager.

Il pensa à ceux qui écrivaient les modes d'emploi pour les appareils électroménagers, et se demanda s'il existait encore, quelque part dans le monde, ce métier consistant à écrire des lettres pour ceux qui ne sont pas en mesure de le faire.

Traducteur. Mais de quelle langue ?

Pour finir, la seule réponse claire qui lui vint à l'esprit tenait en un mot : copiste. ça lui aurait bien plu d'être copiste. Ce n'était pas un vrai métier, il en était conscient mais il y avait une étincelle convaincante dans ce mot, qui lui donnait l'impression de chercher quelque chose de précis. Il y avait un secret dans le geste, et une patience dans la méthode -- un mélange de modestie et de solennité. Copiste, il ne voulait pas faire autre chose. Et il était sûr de pouvoir le faire très bien.

 

(...)

 

 

 

Mon avis :

 

 

 

Mr gwyn auteur à succès établi une liste de cinquante-deux choses qu'il ne ferait plus jamais...

La dernière : écrire des livres.

 

Il décide alors de devenir « Copiste », écrire des portraits "littéraires" d'hommes et de femmes destinés à eux seuls... Ces portraits sont une sorte de "retour à la Maison"...

 

D'abord, il plante le décor, une pièce sobre, un fond sonore , il faut vous dire aussi qu'il a été il y a bien longtemps « accordeur de piano », il doit régler l'ensemble des préparations afin d'obtenir l'acoustique et le « toucher » parfait pour son projet. Et bien sûr pour finir, la lumière.... Au plafond, dix-huit ampoules « Catherine de Médicis » destinées à s'éteindre progressivement, la dernière signifiant la fin du portrait.

 

Mr Gwyn, avec son crayon transformé ainsi en pinceau, nous entraîne ensuite dans un long et beau voyage au cœur de l'âme humaine. Chaque portrait est unique et riche en expérience pour le modèle et notre « copiste ». La fin est surprenante et une fois le livre d'Alessandro Baricco refermé, on regarde à nouveau "le monde" avec un œil tout neuf...

 

Son écriture musicale et poétique nous laisse à bout de souffle malgré la lenteur et l'observation du temps qui passe, une thématique chère à Alessandro Baricco. C'est un livre séduisant, tendre et magnifique.

 


 

  "Jasper Gwyn incarne le fantasme de tout écrivain : le désir d’écrire dans une situation de pureté absolue"

 

Alessandro Baricco


 

 

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La photo en tête de l'article est l'oeuvre de Aleksey Kozlov, Photographe et Marina Khlebnikova après recherche sur le net, je n'avais en effet  aucune source.  Pour en découvrir plus sur ces artiste talentueux :

 

link

 

 


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22 avril 2013 1 22 /04 /avril /2013 19:49

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  *

 

 

 

 

Gamin dans une ville roumaine le long du Danube, le narrateur rêve d'aventures et d'horizons lointains.

Curieux et débrouillard, il découvre le monde à travers son dictionnaire universel et travaille dans une taverne jusqu'au jour où les circonstances le poussent à quitter son pays. Il s'embarque en rêvant de la France...

 

 

Extrait 1:

 

Tout enfant est un révolutionnaire. Par lui, les lois de la création se renouvellent et foulent aux pieds tout ce que l'homme mûr a édifié contre elles : morale, préjugés, calculs, intérêts mesquins.

L'enfant est le commencement et la fin du monde ; lui seul comprend la vie parce qu'il s'y conforme, et je ne croirai à un meilleur avenir que le jour où la révolution sera faite sous le signe de l'enfance. Sorti de l'enfance, l'homme devient monstre : il renie la vie, en se dédoublant hypocritement.

L'humanité a-t-elle tiré quelques enseignement de tout ce que la création lui fait entendre depuis des milliers d'années?

Aujourd'hui, tout comme au moyen âge et dans l'antiquité, aucun corps social constitué ne comprend la vie, nulle législation ne la protège ; l'arbitraire et la sottise règnent plus que jamais.

Créature fragile, toute vibrante d'émotivité, tout assoiffée de vie, l'enfant est encore livré aux brutes humaines, ignorantes et crevant d'égoïsme, qui lui cassent les reins dès qu'il tombe en leur pouvoir. Comment saurait-elle, cette face bestiale, que l'enfant est un début de vie friand de la lumière du jour, du bruissement des arbres, du clapotis des vagues, de la brise caressante, du gazouillement des oiseaux, de la liberté des chiens et des chats qui courent la rue, de la campagne embaumée, de la neige qui le brûle, du soleil qui l'étonne, de l'horizon qui l'intrique, de l'infini qui l'écrase ?  Comment se douterait-il que l'enfance peut seulement pendant cette saison là jeter les fondations de cet édifice humain dont l'existence sera précaire dans le bonheur même ? Fondations qui doivent être faites de bonté et uniquement de bonté, si l'on ne veut pas que tout l'édifice dégringole dans l'abîme.

 

 

Extrait 2 :

 

Je ne compris pas tout de suite ce que voulaient dire les mots Dictionnaire Universel ; mais en feuilletant au hasard, je sentis mes joues s'empourprer de plaisir ; termes scientifiques et néologismes que j'avais rencontrés dans les journaux et sur lesquels je passais navré, je les trouvais ici rendus à ma compréhension. Les quelques expressions qui s'éclairèrent aussitôt pour moi mirent en branle mon intelligence, m'apportèrent du soulagement au cerveau et de la joie au coeur.

Nous étions seuls. Le Capitaine me regardait, le visage épanoui. Muet de bonheur, je pris sa main droite et la baisai avec une filiale reconnaissance, puis je courus à mon lit et cachai le volume sous l'oreiller, parmi le linge.

Dorénavant, la sainte "bible" de mon adolescence -le livre d'heures que je n'ai plus lâché dix ans durant et que j'ai sauvé de toutes les catastrophes- devait m'accompagner sur tous mes sanglants chemins et devenir, souvent, dans une existence d'enfant tourmenté, mon unique source de bonheur spirituel. Que de fois, grelottant dans mon lit pendant des heures, je dus affronter le froid et me lever pour chercher mon dictionnaire où je l'avais laissé par négligence ; il ne m'était plus possible de passer sur un mot au sens obscur pour moi.

Plus de cafard ! Chez Kir Léonida, aucune fatigue, aucune brutalité, aucune pensée noire ; rien de devait plus vaincre ma décision de travailler et de supporter la vie. Un homme brisé venait de me mettre entre les mains un trésor : chaque page contenait un monde de connaissances : chaque mot m'ouvrait des horizons dont je ne doutais guère. Et puis, cette merveilleuse découverte que je venais de faire tout seul de l'arrangement des mots classés par  ordre strictement alphabétique et qui suscita en moi l'ambition de tomber d'un coup, sans tâtonnements, à l'endroit précis où se trouvait le mot que je cherchais ! Souvent, les surprises que me révélait ma "bible étaient plus fortes que le besoin de trouver un mot, et ma lecture, et la taverne avec ses infamies, et le temps qui m'était mesuré au compte-gouttes, et je glissais, dans un enchaînement passionné, d'une page à l'autre, d'une science à une autre science, d'une philosophie à une autre philosophie, d'un événement historique connu à moitié à un autre que j'ignorais totalement, d'une biographie qui m'ébahissait à une autre qui m'arrachait des larmes, sans cesse renvoyé au début du volume à la fin et du milieu aux extrémités.

 

Mon avis :

 

Sur les bords du Danube dans une ville en Roumanie, pour soulager sa maman très pauvre Panaït décide de devenir garçon de cabaret dans une taverne grecque  sachant très bien qu'il doit ainsi  abandonner son enfance et affronter le monde terrifiant des hommes.

Là, il travaille 19h par jour sans jamais voir le jour, un seul de congé pour  Noël , toujours à exécuter les tâches les plus ingrates et subir les sévices  du cruel "Caissier" le Manant.

Il va se lier d'amitié avec un vieil homme le Capitaine Mavromati, un homme brisé par la vie qui va lui offrir son sésame pour la liberté sous la forme du "Dictionnaire Universel" . Grâce à lui, Panaït va oublier la souffrance du quotidien et découvrir le monde.

Mes départs est un petit livre magnifique, l'auteur nous livre ici ses souvenirs d'enfance parfois cruels et douloureux et porte sur les adultes un regard lucide et sans concession.

Un livre et un auteur à découvrir absolument.

 

 

  http://isbn.abebooks.com/tite/md/89/07/mes-departs/md2070308189.jpg

  * Photo source inconnue

 

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25 février 2013 1 25 /02 /février /2013 15:27

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"Le temps est splendide, encore estival, les grands arbres, les pelouses, tout est d'un vert éclatant, vif, lumineux, euphorisant. Je marche, je la cherche autour du bâtiment, je ne la vois pas.  Je croise des patients qui ont un air vraiment bizarre, qui errent seuls et me regardent avec une hébétude, curiosité, agressivité peut-être. Certains sont silencieux, d'autres marmonnent tout bas, ils tournent en rond, ils marchent sans but, ils me semblent terriblement malheureux, nos regards se croisent, ils devinent que je ne suis pas des leurs. Une ou deux fois j'ai peur en les voyant qui avancent lentement dans ma direction. Aucune trace d'elle."

 

Extrait 1 :

 

Nous parlons encore de sa vie en solitaire, je lui dit qu'elle ne sait pas ce qu'elle manque. Elle me répond qu'elle est heureuse. Moi je suis malheureux de la voir si éloignée du monde. Alors je commence à lui expliquer ce qu'est l'amour : le corps change, il devient glorieux, la peau s'illumine et elle brille dans la nuit, les os, les muscles, toute la chair se  mettent à chauffer lentement, bouillir  sans brûler, c'est une sensation exquise, le crâne pivote et roule sur lui-même à toute vitesse, comme une bille sur une pente, la chute est impossible, on goûte à d'autres mondes sans le moindre danger, on voyage longtemps, on va partout, on explore tous les lieux de l'univers et on connaît enfin les derniers secrets de son propre corps. Oui, on devient tout cela rien qu'en aimant l'autre.

Je vois ses yeux briller. C'est comme si j'étais sur une falaise et que je lançais des confettis dans l'océan, son regard est saturé d'étoiles, la voûte céleste tient tout entière dans son crâne et moi je reste là, comme allongé dans l'herbe, hypnotisé par ses étoiles.

 

Extrait 2 :

 

Les moments de violent bonheur sont très rares dans une vie. Parfois ils sont aussi très courts. Le temps d'une expiration, un mouvement en avant du soleil dans sa course, et bientôt un nuage emportera la lumière et fera passer de l'éblouissement à la nuit. 

 

Mon avis ;

 

Polaire est le genre de livre qui vous donne une énorme claque pendant sa lecture, c'est un concentré d'amour, de désespoir, un passage du paradis à l'enfer en quelques instants.

Tout commence par la rencontre avec un ange, l'amour fou, le vrai celui qui porte et qui fait chavirer, enfin que d'un seul côté, de l'autre notre ange a un comportement étrange et se révèle être bipolaire.

Marc Pautrel d'une écriture superbe et avec beaucoup de pudeur, nous raconte le voyage intérieur d'un amour impossible.

Il rappelle par petites touches que nous vivons sur un fil et qu'à chaque instant il peut se rompre, ce livre nous apporte quelques réflexions sur ces instants de bonheurs si fugitifs qui jalonnent la vie de chacun et qu'il faut savoir saisir et  vivre pleinement.

Je tiens à remercier Babelio pour cette nouvelle édition de Masse Critique et les Editions Gallimard pour leur confiance et pour m'avoir fait découvrir l'écriture magnifique et poétique de Marc Pautrel, un auteur à lire et à suivre sans aucun doute. Polaire est une très belle découverte et une merveilleuse lecture incontournable pour ce début d'année 2013.


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30 janvier 2013 3 30 /01 /janvier /2013 17:28

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Le jour de ses onze ans, Malo tombe dans la Seine. Aspiré dans un toboggan, quand il ouvre les yeux, il découvre un monde en noir et blanc, éclairé par une lune de diamants. Il vient de pénétrer au Royaume des Ombres, un lieu magique où les habitants sont aussi étranges que fascinants : Arthur, l'arbre qui ne cesse d'éternuer ; Mercator, le chat si bavard vieux de deux cent treize ans ; Lili, la petite marchande de rêves au regard d'or qui capture les songes...

Sans compter les spectres inquiétants et un dangereux alchimiste qui lui jette un terrible sort.

Pour briser le maléfice, Malo a un énorme défi à relever.

Et une nuit...

 

 

Extrait 1 :

 

Malo recula d'un pas, prêt à partir sans en savoir davantage sur cette étrange fille, mais la curiosité fut plus forte. D'autant qu'elle était l'unique personne présente à des lieues à la ronde. Revenant vers l'étal, il demanda :

- Tu attends quelqu'un ?

- On attend toujours quelqu'un dans la vie, mais il est rare qu'il arrive en temps et en heure, répondit Lili du tac au tac.

Un silence, puis Malo demanda :

- Que contiennent donc ces boites ?

- Du bonheur.

-Je croyais que le bonheur ne s'achetait pas.

- Le bonheur, peut-être pas, mais les rêves en couleurs, eux, oui.

Les yeux de Malo brillèrent de mille feux. Il observa un silence, puis continua sur sa lancée ;

- A quoi cela sert-il de vendre des rêves ?

- Il n'y a rien de mieux pour colorer l'âme et la rendre heureuse.

- Je veux bien te croire. Mais comment peut-on enfermer des rêves dans des boites aussi minuscules ?

Lili, comprenant qu'elle ne se débarrasserait pas aussi facilement de lui, se lança dans une grande explication :

- C'est très simple. Lorsque les gens meurent, leurs rêves s'envolent dans le ciel comme des lucioles. C'est alors que j'interviens. Munie d'un filet à papillons, je déambule dans les cimetierres à la recherche des rêves des défunts. Puis, quand je les ai attrapés, je les enferme dans de petites boites en fer afin qu'ils ne s'échappent plus. Ensuite, il suffit d'ouvrir la boite pour que le rêve s'envole vers l'âme la plus proche et la rende belle.

 

Extrait 2 :

 

... Le Clochard céleste sembla ravi qu'on lui pose cette question, car il attribuait beaucoup d'importance à sa fonction. Il arbora un large sourire, tira sur son cigare une énorme bouffée de tabac qu'il recracha dans le ciel, en plein sur la voie lactée, posa ses deux mains derrière sa tête et déclara :

- Je suis un contemplatif.

- C'est-à-dire ?

- Que j'admire ce qui m'entoure.

- Cela prend beaucoup de temps ?

- Oui et non,. Une minute, des heures, ou la nuit entière.

- Et qu'est-ce que vous admirez ?

- Cela dépend de mon humeur. Un arbre, un monument, une personne, un flocon de neige ou un simple bout de ficelle ramassé par terre. Mais ce que je préfère, c'est admirer les étoiles.

- A  quoi cela sert-il ?

- A les faire briller davantage. Si vous dites chaque soir aux étoiles que vous les aimez, et passez toute la nuit à les contempler, forcément, cela les rend plus brillantes. Elles ont besoin d'amour. Et elles vous en rendent tellement que vous vous sentez vraiment heureux.

 

 

Mon avis ;

 

Alors là, un conte à mettre entre toutes les mains, les petites et les grandes...

Maxence Fermine, auteur de Neige, a écrit ce premier conte à la suite du rêve de l'une de ses filles.

Malo, un petit garçon qui va fêter ses onze ans disparaît.

Il se retrouve au Royaume des Ombres un monde en noir et blanc.

Il y rencontre un arbre qui parle, un chat vieux de deux cent treize ans qui fume et surtout Lili une petite marchande de rêve.

Maxence Fermine nous emmène dans un monde onirique merveilleux et pose un regard tendre sur la vie, ce livre est également l'occasion de nous rappeler à nous  "adultes", que parfois par manque de temps, nous oublions l'essentiel...

J'ai aimé Lili et son filet à papillons, qui attrape les derniers rêves des défunts pour embellir une autre âme et mon personnage préféré est bien sûr le Clochard Céleste amoureux des étoiles et qui veillent sur elles toute la nuit pour les rendre plus brillantes.

 

Un conte enfin pour tous les rêveurs..

 

"Lorsqu'on disparaît pour la première fois,

  On fait un rêve.

  La deuxième fois, on ne rêve plus.

  La troisième fois, on ne vit plus

  que dans les rêves des gens qu'on a connus."

 

A noter, de très jolies illustrations réalisées lors d'un concours organisé par les éditions Michel Lafon par :

 

Anne Bernasconi, p. 140

Laurence Deleersnyder, p. 26

Marilyn Delhaye, pp. 30 et 87

Alix Dewailly, p. 164

Léa Fermine, P. 38

Grazia Foglia, p. 132

Fiona Isljamaj, p.71

Noémie Paul, pp. 83 et 118

Maïwenn Rivière, p.157

José Ternier, p. 144




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20 septembre 2012 4 20 /09 /septembre /2012 12:01

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Voici un roman touché par la grâce, celle d'un chat "si petit et si frêle qu'on remarquait tout de suite ses oreilles pointues et mobiles à l'extrême".

Quand un jeune couple emménage un jour dans le pavillon d'une ancienne demeure japonaise, il ne sait pas encore que sa vie va s'en trouver transformée. Car cette demeure est entouré d'un immense et splendide jardin, et au coeur de ce jardin, il y a un chat. Sa beauté et son mystère semblent l'incarnation même de l'âme du jardin, gagné peu à peu par l'abandon, foisonnant d'oiseaux et d'insectes.

Tout le charme infini de ce livre tient dans la relation que le couple va tisser avec ce chat qui se fond dans la végétation exubérante pour surgir inopinément, grimpe avec une rapidité fulgurante au sommet des pins gigantesques, frappe à la vitre pour se réconcilier d'une brouille. Un charme menacé, car ce qui éveille en nous la beauté et appelle le bonheur est toujours en sursis...

 

Extrait 1 :

 

A côté du tokonoma du salon s'ouvrait une fenêtre en saillie. Devant le shôji qui laissait filtrer la délicate lumière de la lune, Chibi, ventre aplati, prêt à bondir, attendait qu'on fasse rebondir sur la table basse destinée à la lecture la petite balle, qu'il renvoyait d'un geste vif. C'était à ce demander si leur jeu aurait une fin.


A part les lumières du pavillon habité et la lampe de l'entrée qui restait allumée la nuit pour décourager les voleurs, la lune arrivait à peine à dessiner les contours. Dans la demeure vaguement sombre, la minuscule balle blanche rebondissait avec de légers claquements secs. Et la petit masse vivante qui la poursuivait, baignée dans le clair de lune, se métamorphosait en perle de nacre.

 

Extrait 2 :

 

Par un après-midi de la fin du mois de juillet où le soleil dardait ses rayons, je sortis dans le jardin et portai les yeux vers les rochers qui bordaient l'étang. Les libellules ne s'y trouvaient pas. Comme je l'avais fais naguère, j'ai frappé dans mes mains, deux fois, légèrement. Alors, quelque part, l'air a vibré, imperceptiblement, une silhouette transparente et limpide a volé dans ma direction. A voir ainsi l'insecte s'approcher , comme joyeux de cet arc que tendait le jet d'eau, voletant en tout sens, j'ai su que c'était lui.

 

Tout en évitant soigneusement les fils tissés par une araignée, lui aussi semblait avoir pris farouchement ses habitudes dans ce jardin d'un bout à l'autre, ce jardin de plus en plus abandonné. Un idée me vint subitement, je fermai le tuyau d'arrosage. Abandonnant la formation d'un courant d'eau, je levai l'index de ma main gauche. La libellule tournoya en un tour complet à mi-distance. Puis elle s'approcha très vite, tourna juste devant mes yeux, à peine avais-je eu le temps de voir le petit cercle qu'elle traçait, elle vola en direction du doigts tendu et s'y posa.

 

Mon coeur a bondi de joie, en même temps j'ai retenu mon souffle. Oui, décidément, c'était bien lui. Ce fut un moment fugitif, mais qui dura longtemps. Au milieu du jardin qui se préparait à ne plus recevoir la visite de personne, ce jardin qui de façon presque troublante était éloigné des regards proches, il avait posé sur mon doigt ses quatre ailes transparentes et ses deux yeux proéminements.

 

Mon avis :

 

Premier roman autobiographique d'Hiraide Takashi, le chat qui venait du ciel, nous entraîne dans un japon qui à la mort de l'Empereur va entrer dans une ère nouvelle.

C'est une magnifique promenade, un livre de contemplation dans une bulle de poésie.

Le temps s'écoule lentement rythmé par les visites de Chibi, ce chat d'une beauté magique, l'âme fragile d'un immense jardin.

Mais le temps passe, le temps des deuils arrivent, d'abord le mari de la propriétaire de ce jardin, ensuite un ami poète qu'il va accompagner sur le chemin de la maladie pendant quatre mois jusqu'à sa mort.

J'aime ce bref passage qu'écrit notre narrateur ;

"Je songe maintenant qu'il est par trop cruel de mourir quand on n'a pas dépassé la trentaine. C'est ce que je pense aujourd'hui, mais le plaisir que j'éprouvais alors au contact de ce poète porté par la crête de la vague qui oscille entre le salut et l'irréparable était tel que sur le moment j'oubliais tout.

Il va falloir déménager, mais impossible de s'éloigner de cette bulle qu'est le "passage de l'éclair", le couple ne veut pas quitter ce chat venu des étoiles...

Je n'en dirais pas plus, ce livre est un tableau qui se dessine sous la plume poétique d'Hiraide Takashi, ce chat, qui ne miaule jamais, par sa présence va bouleverser la vie de ce couple comme la mort de l'Empereur va bouleverser le Japon.

 

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19 août 2012 7 19 /08 /août /2012 18:09

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A bout de forces, trop fatiguée pour bouger le petit doigt, je laissai machinalement mon regard s'attacher à ton reflet sur la vitre.

Tu avais fini de frotter le canon et tu remontais la culasse, que tu avais également nettoyée. Alors tu levas et abaissas plusieurs fois le fusil en épaulant à chaque fois. Mais peu après le fusil ne bougea plus.

Tu l'appuyas fermement contre ton épaule et tu visas, en fermant un oeil. Je me raidis soudain et me rendis compte que le canon était manifestement dirigé vers mon dos.

 

Yasushi Inoué.

 

Extrait 1 : Lettre de Shoko

 

Si je devais vous dire ceci de vive voix, comme cela me serait difficile ! Sans compter ce que ma tentative  pourrait avoir de pénible, il me serait sans doute impossible de vous adresser la parole sans incohérence. Je suis capable, en ce moment, de m'expliquer uniquement parce que je vous écris. Non que je sois remplie d'effroi ou d'horreur : je ne le suis que de tristesse. Ma langue est paralysée par le chagrin, par un chagrin qui ne concerne pas seulement Mère, ou vous, ou moi, mais qui embrasse toutes choses : le ciel bleu au dessus de moi, le soleil d'octobre, l'écorce sombre des myrtes, les tiges de bambou balancées par le vent, même l'eau, les pierres et la terre. Tout ce qui dans la nature frappe mon regard se colore de tristesse quand j'essaie de parler. Depuis le  jour où j'ai lu le Journal de Mère, j'ai remarqué que la Nature changeait de couleur plusieurs fois par jour, et qu'elle en change soudainement, comme à l'instant où le soleil disparaît, caché par des nuages. Dès que ma pensée se porte vers vous et Mère, tout ce qui m'entoure devient autre. Le saviez-vous ? En plus des trente couleurs au moins que contient une boîte de peinture, il en existe une, qui est propre à la tristesse et que l'oeil humain peut fort bien percevoir.

 

Extrait 2 / Lettre de Saïko

 

Je puis encore me rappeler la beauté du mont Tennozan à Yamazaki, avec son feuillage rouge mouillé par les averses de l'automne finissant. Nous nous abritions de la pluie, sous l'auvent du vieux porche, à l'entrée de la fameuse maison de thé, devant la gare . Nous levions les yeux vers la montagne qui s'élançait très très droite, en arrière de la gare, et nous surplombait majestueusement ; et, subjugués par sa beauté, nous retenions notre souffle. Ce spectacle insolite était-il l'effet d'un caprice de ce soir de novembre peu à peu gagné par la pénombre ? Ou était-il l'effet du temps bizarre qu'il faisait ce jour-là,  avec ses courtes averses qui s'étaient succédé tout au long de l'après-midi ? En tout cas, la montagne offrait à nos yeux un luxe de couleurs qui nous retenait plutôt d'en entreprendre l'ascension. Treize ans ont passé depuis lors, mais je garde encore le souvenir ébloui de la magnificence du feuillage et de la façon dont il me fit venir les larmes aux yeux.

 

Mon avis ;

 

Après la parution d'un poème dans une revue de chasse :

 

Sa grosse pipe de marin à la bouche,

Un setter courant devant lui dans l'herbe,

L'homme gravissait à grandes enjambées,

                                           (en ce début d'hiver,

Le sentier du mont Amagi,

Et la gelée blanche craquait sous ses

                                                      (semelles,

Il avait ving-cinq cartouches à la ceinture,

Un manteau de cuir, marron foncé,

Une carabine Churchill à canons jumelés...

Mais d'où venait son indifférence, malgré

           (son arme de blanc et brillant métal,

A ôter la vie à des créatures ?

 

Fasciné par le large dos du chasseur,

Je regardais, je regardais,

 

Depuis ce temps-là,

Dans les gares des grandes villes,

Ou bien la nuit dans les quartiers où l'on

                                                         (s'amuse,

 

Parfois je rêve,

 

Je voudrais vivre sa vie...

Paisible, sereine, indifférente,

 

Par instants change la scène de chasse :

Ce n'est plus le froid début d'hiver sur le

                                                   (mont Amagi,

Mais un lit asséché de torrent, blanc et

                                                              blême,

 

Et l'étincelant fusil de chasse,

Pesant de tout son poids sur le corps

                                                     (solitaire,

Sur l'âme solitaire d'un homme entre deux

                                                                    (âges,

 

Irradie une étrange et sévère beauté,

Qu'il ne montra jamais,

Quand il était pointé contre une créature,



Son auteur reçoit une lettre d'un parfait  inconnu, visiblement  l'homme qui lui avait inspiré ce poème.

L'homme lui confie que le "lit asséché du torrent blême " est celui qu'il a contemplé. Pour mieux comprendre son histoire que notre poète a fugitivement ressenti en contemplant ce chasseur en ce début d'hiver, il lui confie trois lettres à lire, juste à lire et ensuite à brûler. Ces trois lettres proviennent de trois femmes différentes.

La première lettre est celle de la fille de la maîtresse de cet homme solitaire au fusil, elle est rongé par le chagrin. La deuxième a été écrite par l'épouse délaissée de ce même homme et enfin la troisième de sa maîtresse qui finira par se suicider détruite  par le remord de ce "péché".  

 

L'âme de chacune de ces trois femmes se dévoile à cet homme mélancolique  au travers de ces  lettres.

A partir d'une simple histoire d'adultère, Yasushi Inoué, par son écriture poétique et élégante nous livre ici une très belle histoire d'amour.

 

Pour finir mon partage de lecture, je tenais à vous rajouter un autre extrait que j'ai beaucoup aimé, je le soumet donc à votre réflexion :

 

Aimer, être aimée ! Nos actes sont pathétiques. A l'époque où j'étais en seconde ou troisième année, à l'école de filles, dans une composition de grammaire anglaise, nous fûmes questionnées sur l'actif et le passif des verbes. Frapper, être frappé; voir, être vu.

Parmi bien des exemples de cette sorte brillait ce couple de mots : aimer, être aimé. Comme chaque élève examinait le questionnaire avec attention et réflexion et suçait la mine de son crayon l'une d'elles, non sans malice mit en circulation un bout de papier, et la fille qui se trouvait derrière moi me le fit passer. Quand je l'eus sous les yeux, j'y trouvai la double question suivante : désires-tu aimer ? Désires-tu être aimée ?...


Voilà, je vous laisse sur cette très belle réflexion, et surtout vous conseille ce petit livre singulier très riche en poésie et qui je pense mérite plusieurs lectures.

 

 yasush10.jpg

 

Qu'est-ce que l'amour, sinon la rencontre d'un chasseur et d'un miroir ? Le miroir se brise, le chasseur ne tire que  sur son propre reflet.


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30 janvier 2012 1 30 /01 /janvier /2012 12:55

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http://les-romans-fous-de-Prandini-stephane.blog4ever.com/blog/index-634390.html ( nom du blog : les romans fous de Prandini Stéphane )
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13 janvier 2012 5 13 /01 /janvier /2012 15:34

 

 

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http://falbalapat.wordpress.com/2014/10/02/le-convoi-de-leau-de-akira-yoshimura/

 

 

Le convoi de l'eau... Ma dernière lecture :-)

 

 

N'hésitez pas à visiter et à commenter.

 

 

A bientôt

 

 

 

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Falbalapat vous souhaite un agréable moment dans son univers.

 

Après une demande très forte de mon entourage de faire partager mes lectures, je me lance enfin dans la grande aventure du Blog.


Je suis une grignoteuse de livres, je lis et lis encore et relis parfois plusieurs fois le même ouvrage.


J'aime l'instant où dans ma librairie préférée je tiens ma nouvelle acquisition dans mes mains, j'aime l'objet, sentir l'odeur du papier, tourner les premières pages....


Pour moi, il n'existe plus qu'un seul instant merveilleux celui ou je vais m'installer dans mon fauteuil et où je vais enfin découvrir un nouveau monde.....

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