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27 juillet 2012 5 27 /07 /juillet /2012 17:47

 

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Ici je t'aime.
Dans les pins obscurs le vent se démêle.
La lune resplendit sur les eaux vagabondes.
Des jours égaux marchent et se poursuivent.

Le brouillard en dansant qui dénoue sa ceinture.
Une mouette d'argent du couchant se décroche.
Une voile parfois. Haut, très haut, les étoiles.

Ô la croix noire d'un bateau.
Seul.
Le jour parfois se lève en moi, et même mon âme est humide.
La mer au loin sonne et résonne.
Voici un port.
Ici je t'aime.

Ici je t'aime. En vain te cache l'horizon.
Tu restes mon amour parmi ces froides choses.
Parfois mes baisers vont sur ces graves bateaux
qui courent sur la mer au but jamais atteint.

Suis-je oublié déjà comme ces vieilles ancres.
Abordé par le soir le quai devient plus triste.
Et ma vie est lassée de sa faim inutile.
J'aime tout ce que je n'ai pas. Et toi comme tu es loin.

Mon ennui se débat dans les lents crépuscules.
Il vient pourtant la nuit qui chantera pour moi.
La lune fait tourner ses rouages de songe.

Avec tes yeux me voient les étoiles majeures.
Pliés à mon amour, les pins dans le vent veulent
chanter ton nom avec leurs aiguilles de fer.

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20 juillet 2012 5 20 /07 /juillet /2012 20:54

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Un écrivain japonais célèbre,émigré aux Etats-Unis, se suicide en laissant un recueil de nouvelles écrites en anglais.

 

Le livre ne sera jamais publié au Japon : chaque traducteur commençant la quatre-vingt-dix-huitième nouvelle meurt. Au court d'un été étrange, Kazami, l'amie du dernier traducteur, découvrira la vérité. Et elle finira par croire que "tout ce qui s'est passé était beau... D'une beauté violente, à en perdre la raison.

De ce livre où Banana Yoshimoto reprend tous ses thèmes de prédilection, il émane une "petite musique" très particulière - une voix dérangeante, ironique, d'une précision, qui envoûte le lecteur.

 

Extrait :

 

A présent encore, il m'arrive de me souvenir de Shôji.

Le moment où, encore au lycée, je suis tombée éperdument amoureuse de lui, ma soif de tout apprendre de cet amour, nos sorties presque quotidiennes, les jours où j'allais le rejoindre à son appartement, où je lui donnais un coup de main pour les brouillons de ses traductions. Je crois que ma présence le rendait heureux. J'en suis même sûre.

Mais il n'y avait pas moyen d'enrayer la fatigue qui, pour des raisons inextricables, s'était installée en lui avant même notre rencontre. J'étais incapable de comprendre véritablement une part importante de sa personnalité, une part d'ombre qui, à mes yeux, faisait son charme. J'étais comme un papillon entré par mégarde dans la chambre de son coeur -là où déjà, quand je l'ai connu, les lampes étaient sur le point de s'éteindre. Et même si ma présence l'a réconforté, elle n'a fait, en y semant quelques traces éblouissantes de jour, qu rendre encore plus confuses les ténèbres.

Voilà sans doute pourquoi, quand il apparaît dans mes rêves, le scénario est toujours le même : c'est la rencontre entre l'homme que j'ai connu autrefois et celle que je suis aujourd'hui. Peut-être parce qu'à présent je crois que je serais en mesure de lui donner autre chose que le simple éblouissement du jour, en mesure de vivre avec lui des moments heureux et paisibles. Même si cela fait probablement partie, en réalité, des choses impossibles, j'en garde du regret. J'aurais voulu qu'il me connaisse maintenant. Je n'arrive pas à me défaire de ce désir. Est-ce que j'ai une trop haute opinion de moi-même.

Quand, à l'occasion j'entends des gens répéter que les âmes de ceux qui se suicident ne peuvent accéder au paradis, que pour elles le temps reste figé dans des souffrances éternelles, j'ai l'impression de perdre la raison. Et l'envie me prend de crier : " Non, ce ne sont que des mensonges !" Mais aussitôt surgit le visage de Shôji, au sourire incertain. Ce visage qui ne s'ouvrait à personne.

 

Extrait 2 :

 

A peine sorties dans la cour, nous avons été assaillies par une averse de lumière, aussi aveuglante qu'un flash. Après un instant d'éblouissement, nos yeux se sont accoutumés de nouveau au paysage familier de l'été. Des odeurs d'herbes flottaient sur le terrain de sport désert. Du lyçée d'à côté nous parvenaient, apportés par le vent, les échos de l'entraînement de base-ball : son clair des battes métalliques, applaudissements, cris d'excitation.

"Quelle brise agréable !" a dit saki, et comme je regardais ses cheveux qui flottaient sur son front large, j'ai été prise d'une curieuse sensation que je pourrais formuler ainsi ; Il y a un peine un mois, je ne la connaissais même pas, et à présent c'est mon amie. Elle qui est née à l'étranger.

Mais en réalité, c'était une émotion plus subtile, qui avait quelque chose de saisissant, de presque douloureux.

Entre les bâtiments de l'université se découpait le rectangle parfait du ciel. A l'intérieur flottait vaguement une lune d'un blanc diaphane. On y voyait aussi courir des nuages.

Ici, à cet instant, nous sommes les seules à la contempler, cette beauté si poignante.

Voilà ce que j'ai pensé en traversant tranquillement le terrain de sport.

 

Mon avis :

 

Kazami,  la petite amie de Shôji dernier traducteur de la 98ème nouvelle  tirée du livre de  Sarao Takase  se retrouve quelques années après le suicide de son amant, très proche  des enfants de l'auteur,  Otohiko et  Saki.

Elle rencontre également Sui leur demi-soeur pièce maîtresse de cet étrange petit univers et qui dégage une beauté fascinante et violente.

Elle va découvrir la vérité sur cette nouvelle  inédite jamais traduite en japonais au cours de cet étrange été et conclure que "tout ce qui s'est passé était beau"... à en perdre la raison".

Livre magique, N.P parle avec délicatesse et poésie de la mort et de  l'inceste.

J'ai trouvé dans ce petit livre un univers onirique que j'aime tant, une écriture délicate et étrange.

 


http://ecx.images-amazon.com/images/I/51F2E563XQL._AA115_.jpg

 



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17 juillet 2012 2 17 /07 /juillet /2012 18:02

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Une femme de l'aristocratie nippone doit quitter pendant la guerre son hôtel particulier de Tokyo pour aller vivre modestement dans un petit chalet de montagne.

Sa fille, Kazuko, mobilisée, travaille la terre. Son fils, Naoji, revient de la guerre intoxiqué par la drogue.

Le frère et la soeur se durcissent contre le malheur des temps et clament leur révolte et leur désespoir.

Tels sont les "gens du Soleil couchant" (lancée par Osamu Dazai, cette expression a fait fortune au Japon, au point de qualifier aujourd'hui , jusque dans les dictionnaires, les membres déchus de l'aristocratie).

En dépit de leur vie inquiète et désordonnée, ils ont gardé les meilleures traditions de leur pays. A cet égard, le testament de Naoji éclaire de façon émouvante son attitude devant la vie et devant le Japon.

Kazuko veut un enfant, et sa foi en la vie force la sympathie, en dépit de ses écarts de conduite, de tout le nihilisme de son comportement et de son langage. Elle et son amant sont les "victimes d'une période de transition morale"

Document de première importance sur l'effondrement d'une société, Soleil couchant est aussi -et c'est ce qui donne à l'oeuvre son accent dramatique si personnel- un document sur un homme en qui l'on s'accorde à reconnaître l'un des plus grands écrivains de son pays.

 

 

 

 

Extrait :

*

"Les vrais aristocrates ne prennent pas cet air sot qu'affectionne Iwashima. Maman est la seule aristocrate de notre famille. Elle en est le vrai symbole. Elle a un ton, un maintien qu'aucun de nous ne peut égaler".

La manière de manger le potage, par exemple. On nous a enseignés à nous pencher légèrement sur notre assiette, à prendre un peu de soupe en tenant de côté notre cuiller, puis à la remonter pour la porter à la bouche toujours en la tenant de coté. Mère, pour sa part, pose délicatement les doigts de sa main gauche sur le bord de la table et se tient parfaitement droite, en gardant la tête haute et les yeux juste assez baissés pour apercevoir son assiette. Elle plonge sa cuiller dans la soupe et, comme une hirondelle -avec tant de grâce et de précision qu'on peut réellement user de cette image - elle porte sa cuiller à sa bouche dans l'angle voulu pour que la soupe glisse entre ses lèvres. Puis, jetant des regards innocents alentour, elle fait voler sa cuiller exactement comme une petite aile, sans jamais renverser une goutte de potage ni faire le moindre bruit, ni en avalant une gorgée ni en heurtant son assiette. Cette manière de manger sa soupe n'est peut-être pas conforme à l'étiquette ; mais, pour moi elle est absolument charmante et en quelque sorte caractérisque de l'aristocratie.

 

Extrait 2 :

 

- Je bois par désespoir. La vie est trop dure à supporter. La misère, la solitude, les entraves, ça vous brise. Chaque fois qu'on entend les soupirs sinistres que lancent les quatre murs qui nous entourent, on sait qu'il n'existe pas une chance de bonheur pour soi. Quels sentiments croyez-vous qu'un homme puisse avoir quand il réalise qu'il ne connaîtra jamais le bonheur ni la gloire, aussi longue que dût être sa vie ? Travaux forcés. Il en résulte tout juste de quoi nourrir des bêtes de proie affamées. Il existe trop de gens pitoyables... Est-ce encore une attitude ?

- Non.

- Non, c'est l'amour. Exactement comme vous l'avez écrit dans vos lettres.

- Oui.

Mon amour s'était éteint.

Quand il fit légèrement clair dans la chambre, j'examinai la figure de l'homme qui dormait à côté de moi. C'était celle d'un homme près de mourir. C'était une figure exténuée.

La figure d'une victime. Une noble victime.

Mon homme. Mon arc-en-ciel. Mon enfant. Homme haïssable. Homme sans principe.

Cette figure me parut alors avoir une beauté sans pareille dans le monde entier. Mon coeur battit avec une sensation d'amour ressuscité. Je l'embrassai en caressant ses cheveux.

 

Mon avis ;

 

Histoire triste qui raconte la déchéance d'une famille d'aristocrates.

  Kazuo est divorcée pour adultère et vit avec sa mère dans leur hôtel particulier, mais à la fin de la guerre la mère se retrouve ruinée.

D'une position sociale élevée, elles se retrouvent toutes les deux dans un modeste chalet, Kazuo travaillant la terre et découvrant le plaisir du travail manuel et sa mère souffrante, essayant de garder à tout prix les traditions et sa dignité.

Kazuo ne s'entend pas avec son frère et celui ci de retour à la maison, reprend une vie dissolue, entre la drogue, l'alcool et les femmes dilapidant ainsi le peu d'argent qu'il reste.

A la mort de la mère, Naoji sombre de plus en plus et fini par se donner la mort.

Son testament adressé à Kazuo est très émouvant à lire et nous en dit  un peu plus sur  les secrets de l'âme humaine.  

Seule Kazuo aura la force de survivre à ce grand bouleversement et sera porteuse d'espoir pour l'avenir.

J'ai été conquise par l'écriture admirable de Osamu Dazai, le récit est cruel, mais magnifique.

Un livre à découvrir absolument.

 

En savoir un peu plus sur l'auteur :

 

Né en 1909 dans une riche et puissante famille du Japon, Osamu Dazai a mené jusqu'à sa mort une vie folle et désespérée. Morphinomane, tuberculeux et alcoolique, il tentat plusieurs fois de se suicider.

Auteur d'une excellente nouvelle, la femme de Villon, parue en 1947, puis de ses deux romans principaux, Soleil couchant et Le disqualifié, il avait commencé un autre roman à épisodes sous le titre anglais de Good Eye. En 1948, il réussit enfin à se tuer en se jetant dans les eaux débordantes du barrage Tamagawa, à Tokyo. Par une sorte d'ironie, son cadavre fut découvert le jour de son trente-neuvième anniversaire le 19 juin.

 

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12 juillet 2012 4 12 /07 /juillet /2012 18:13

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C'est une route aux mille parfums, aux mille périls aussi : celle qui, partant de Londres pour atteindre les Indes, se perd irrémédiablement dans l'Empire de la Chine. Un périple que l'on nomme la route du thé.

Pour la première fois en 1838, un homme va s'y aventurer, décidé à percer le secret des thés verts, bleu et blancs, inconnus en Angleterre.

Au fil de son voyage, il va rencontrer Pearle, un riche négociant irlandais, Wang, le gardien de la vallée sacrée, Lu Chen, l'invisible empereur du thé, et Loan, une Chinoise aux yeux verts qui porte, tatouée sur son épaule, une fleur de pavot.

Au terme de sa quête, l'Opium. Un amour que l'on ne choisit pas.

 

Extrait :

 

Un soir, alors qu'il pleuvait sur Londres, Robert Stowe surprit son fils qui regardait les gouttelettes d'eau glisser lentement sur les carreaux. S'approchant lentement de lui, il lui dit :

- Savais-tu que l'art du thé est une musique d'eau ?

Charles ne comprit pas ce que son père voulait dire.

- Qu'ont à voir l'eau et la musique avec le thé ,

- Réfléchis bien et écoute. D'abord, il y a la musique de la pluie sur les feuilles des théiers, ce léger tremblement comme un tambour de lumière verte frappé par les baguettes d'argent du ciel. Puis il y a la musique de la récolte, accompagnée par la danse des voiles des cueilleuses. Ensuite, il y a la musique d'une source aussi fraîche et pure que possible. Enfin, la musique de l'eau chaude qu'on verse lentement sur les feuilles de thé.

- Pourquoi me dis-tu tout cela ?

- Parce qu'en te voyant rêver je t'imagine, là-bas, sous la pluie de la Chine... parmi les jardins de thé.

Robert Stowe posa sa main sur l'épaule de son fils :

- Ce voyage-là, je n'ai jamais pu le faire.

- Je sais. Tu me le répètes souvent. Et il ajouta : Ce voyage, je le ferai pour toi. Je te le jure.

Robert Stowe soupira longuement, puis après un long silence :

- Ne parlons plus de tout cela. Tiens, goûte plutôt ce thé.

Il tendit une tasse au garçon en souriant.

Charles leva les yeux sur son père et but une gorgée du précieux liquide, en laissant lentement les notes résonner au fond de sa gorge.

 

Mon avis:

 

  Charles Stowe initié depuis son plus jeune âge par son père, à la magie du thé, ce breuvage tour à tour doux, amer ou fort, prend l'aventureuse,  odorante mais également douloureuse route du thé.

Il se retrouve en Chine, prêt à tout pour découvrir les trois secrets de  l'excellence d'un thé.

Il parviendra à traverser la vallée sacrée du thé, à toucher du bout du doigt le thé blanc, le plus raffiné, le plus délicieux et  qui ne s'achète pas, mais en route il croise le chemin d'une belle chinoise aux yeux verts, véritable mante-religieuse.

Après sa rencontre avec l'empereur du thé, il va goûter à l'opium en échange de sept jours et sept nuits avec la belle.

"Il n'est jamais trop tard pour découvrir le goût de certaines choses. Et vous verrez combien il est dur d'en être privé ensuite" lui avait dit le Maître.

Dans les volutes de l'opium, la vie, l'amour, la mort...

Maxence Fermine une fois de plus avec son écriture sensuelle et poétique, nous livre un petit conte magnifique.

 

http://ecx.images-amazon.com/images/I/5115N1MZ67L._AA115_.jpg

 

 



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10 juillet 2012 2 10 /07 /juillet /2012 17:08

 

 

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"Oreiller d'herbes est singulier par son écriture, impressionniste, poétique, et par son projet même. Un peintre se retire dans une auberge de la montagne pour peindre et réfléchir sur son art, sur l'acte de création. L'atmosphère subtile et poétique d'Oreiller d'herbes est admirablement rendue par les traducteurs."

 

Philippe Pons, Le Monde

 

Extrait :

 

La Belle de Nagara m'apparaît dans son kimono de cérémonie, à cheval, et, alors qu'elle franchit le col, Sasada et Sasabé se précipitent pour la tirer chacun de son côté. La Belle se transforme aussitôt en Ophélie : elle s'accroche à une branche de saule et elle s'abandonne au courant de la rivière, tout en chantant d'une douce voix. Je veux la sauver et, armé d'une longue perche, je cours vers Mukôjima, à sa poursuite. Elle n'a pas l'air de souffrir et, chantant et riant, elle descend le cours de l'eau, à la dérive. La perche sur l'épaule, je m'écrie ; Ohé, ohé !"

...

Quiconque a une vocation littéraire, s'il ne caresse pas un rêve plus beau encore, n'est pas digne de ce nom. Je me dis qu'un pareil rêve ne ferait ni un tableau ni un poème et je me retourne alors dans mon lit : je m'aperçois alors que la lune éclaire la porte coulissante et que l'ombre de deux ou trois branches d'arbre se dessine en biais. C'est une nuit de printemps presque limpide?.

C'est peut-être une illusion, mais j'ai l'impression qu'on fredonne une chanson. Ignorant si c'est une chanson sortie de mon rêve qui a pénétré dans ce monde-ci ou si c'est une voix d'ici-bas qui s'est distraitement égarée dans le pays des rêves lointains, je prête l'oreille. Il est, en tout cas, certain que quelqu'un est en train de chanter. Ce doit être un mince filet de voix feutrée, mais elle maintient une fragile pulsation dans la nuit de printemps qui s'endort. Ce qui est étrange, c'est que non seulement la mélodie, mais les paroles aussi sont distinctes, alors que je ne devrais pas les saisir, car elles ne sont pas prononcées à mon chevet. Il me semble que ce sont les mêmes mots toujours répétés, ceux du poème de la Belle de Nagara :

 

L'approche de l'automne apporte la rosée

Sur les frêles épis et mon coeur croit mourir

 

Mon avis :

 

Ce livre est un voyage dans le japon traditionnel et rural, l'histoire de ce peintre qui s'installe dans une auberge pour réfléchir sur son art de vivre, est  juste le départ de cette promenade impressionniste...

C' est un tableau  peint au fur et à mesure que  l'on tourne les pages.

Le narrateur lors de ce séjour dans cette  auberge dont il est l'unique client, nous raconte l'étrange histoire de la Belle de Nagara, et  la malédiction qui frappe les femmes de cette famille...

Etre aimé de deux hommes, ne savoir lequel choisir, et finir par se noyer dans l'étang du miroir...

C' est  également  une profonde réflexion sur l'art poétique et l'art en général ...

Il aborde également l'ouverture du Japon à la modernité, la peur et   la vision  pessismiste de l'avenir de l'homme.

Je ne résiste pas à  vous mettre un autre extrait que j'ai beaucoup aimé :

 

Le printemps nous endort. Les chats oublient d'attraper les souris et les hommes oublient leurs dettes. On oublie alors le lieu de son âme et notre raison s'égare. Ce n'est qu'à la vue des fleurs de colza qu'on s'éveille. Quand on entend le chant de l'alouette, on reconnaît l'existence de son âme. Ce n'est pas avec son seul gosier que l'alouette chante, mais avec toute son âme. Parmi toutes les activités de l'âme qui se tranmuent en chant, nulle n'a cette vigueur-là. Quel doux spectacle ! me suis-je dit, et la douceur de ce spectacle, c'est la poésie même.

 

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2 juillet 2012 1 02 /07 /juillet /2012 17:53

 

 

 

Sur mes cahiers d'écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable de neige
J'écris ton nom

Sur les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J'écris ton nom

Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J'écris ton nom

Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l'écho de mon enfance
J'écris ton nom

Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J'écris ton nom

Sur tous mes chiffons d'azur
Sur l'étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J'écris ton nom

Sur les champs sur l'horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J'écris ton nom

Sur chaque bouffée d'aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J'écris ton nom

Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l'orage
Sur la pluie épaisse et fade
J'écris ton nom

Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J'écris ton nom

Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J'écris ton nom

Sur la lampe qui s'allume
Sur la lampe qui s'éteint
Sur mes maisons réunies
J'écris ton nom

Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J'écris ton nom

Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J'écris ton nom

Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J'écris ton nom

Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J'écris ton nom

Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attendries
Bien au-dessus du silence
J'écris ton nom

Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J'écris ton nom

Sur l'absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J'écris ton nom

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l'espoir sans souvenir
J'écris ton nom

Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

Liberté.


Paul Eluard

 

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24 juin 2012 7 24 /06 /juin /2012 21:03

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A la mort de Bertha, ses trois filles et sa petite-fille, Iris, la narratrice, se retrouvent dans leur maison de famille, à Boostshaven, dans le nord de l'Allemagne, pour la lecture du testament.

 

A sa grande surprise, Iris hérite de la maison.

Bibliothécaire à Fribourg, elle n'envisage pas, dans un premier temps, de la conserver.

Mais, à mesure qu'elle redécouvre chaque pièce, chaque parcelle du merveilleux jardin , ses souvenirs font resurgir l'histoire émouvante et tragique de trois générations de femmes.

Un grand roman sur le souvenir et l'oubli.

 

Tante Anna est morte à seize ans d'une pneumonie qui n'a pas guéri parce que la malade avait le coeur brisé et qu'on ne connaissait pas encore la péniciline. La mort survint un jour de juillet, en fin d'après-midi. Et l'instant d'après, quand Bertha, la soeur cadette d'Anna, se précipita en larmes dans le jardin, elle constata qu'avec le dernier souffle rauque d'Anna toutes les groseilles rouges étaient devenue blanches.

C'était un grand jardin, les nombreux vieux groseilliers ployaient sous les lourdes grappes. Elles auraient dû être cueillies depuis longtemps mais lorsque Anna est tombée malade, personne n'avait plus songé aux baies. Ma grand-mère m'en a souvent parlé car c'est elle, à l'époque, qui a découvert les groseilles endeuillées.

Il n'y avait plus depuis lors que des groseilles noires et blanches dans le jardin de grand-mère, et toutes les tentatives ultérieures visant à y réintroduire des groseilliers rouges se sont soldées par un échec, leurs branches ne portaient que des baies blanches. Mais cela ne dérangeait personne, les blanches étaient presque aussi savoureuses que les rouges, quand on les pressait pour en extraire le jus, le tablier n'en souffrait pas trop, et la pâle gelée que l'on obtenait luisait de reflets d'une mystérieuse transparence. Comme "des larmes en conserve", disait ma grand-mère. Et aujourd'hui encore, on trouvait sur les étagères de la cave des bocaux de toutes les tailles avec de la gelée de groseilles de 1981, un été particulièrement riche en larmes, le dernier été de Rosemarie.

En quête de cornichons au vinaigre, ma mère est tombée un jour sur un bocal de 1945 contenant les premières larmes d'après-guerre. Elle en a fait cadeau à l'Association pour la sauvegarde des moulins, et lorsque je lui ai demandé pourquoi elle donnait la délicieuse gelée de grand-mère à un écomusée, elle a déclaré que les larmes contenues dans ce bocal étaient trop amères.

 

Mon avis :

 

Iris, bibliothécaire, hérite à sa grande surprise de la maison de sa grand-mère.

Au début, elle ne veut pas de cet héritage mais au fur et à mesure qu'elle redécouvre chaque pièce, le puzzle de ses souvenirs se complète.

Saga familiale sur trois générations, parfois drôle, mais souvent dramatique, Iris la narratrice, nous livre de petites tranches de vie de ses proches, les amours déçues, la perte de mémoire de Bertha sa grand-mère, la mort de Rosemarie trop jeune  et qui lui pèse tant., Mira l'étrange soeur du jeune avoué.

Au fil des pages qui sentent la pomme, on découvre avec délicatesse tout cet univers, les armoires avec les robes, les vieux draps, le jardin qui deviendra un délicat nid d'amour sous un ciel étoilé.

Un livre plein de charme, à lire dans un jardin sous un pommier....

 


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17 juin 2012 7 17 /06 /juin /2012 15:44

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J'aime quand tu te tais, parce que tu es comme absente,
et tu m'entends au loin, et ma voix ne t'atteint pas.
On dirait que tes yeux se sont envolés,
et on dirait qu'un baiser t'a clos la bouche


Comme toutes les choses sont remplies de mon âme,
tu émerges des choses pleine de mon âme.
Papillon de rêve, tu ressembles à mon âme
et tu ressembles au mot : mélancolie.


J'aime quand tu te tais et que tu es comme distante.
Et tu es comme plaintive, papillon que l'on berce.
Et tu m'entends au loin, et ma voix ne t'atteint pas:
laisse-moi me taire avec ton silence.


Laisse-moi aussi te parler avec ton silence,
clair comme une lampe, simple comme un anneau.
Tu es comme la nuit, silencieuse et constellée.
Ton silence est d'étoile, si lointain et si simple.


J'aime quand tu te tais, parce que tu es comme absente,
distante et dolente, comme si tu étais morte.
Un mot alors, un sourire suffisent,
et je suis heureux, heureux que ce ne soit pas vrai.

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10 juin 2012 7 10 /06 /juin /2012 16:39

 

 

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Alors que Lawrence d’Arabie, le chef-d’œuvre de David Lean, fête cette année son 50e anniversaire au Festival de Cannes, nous avons choisi de publier ce texte parce que nous croyons qu’il ouvre une brèche, fût-elle minuscule, dans le monolithe de marbre où est gravée, éternelle et lisse, la première icône médiatique du monde contemporain, forant à travers la figure héroïque une voie d’accès jusqu’à l’homme nu.

D’une densité extrême, ce texte donne la parole au Thomas Edward de la dernière nuit, à celui qui, seul, démuni, ayant renoncé jusqu’à son propre nom, en lutte avec ce corps qu’il hait tant, fait face à ses peurs, ses hontes, ses culpabilités et ses contradictions, accablant le mythe qui l’écrase et l’efface aux yeux de tous, nous révélant toute sa fragilité et ainsi peut-être, mieux que jamais, toute la grandeur d’un homme lorsqu’il n’est rien de plus et rien de moins, qu’un homme.

 

Extrait :


 Il nettoie l’air, comme s’il cherchait à effacer les mots…


- Même mon cher Winston n’échappe pas à cette règle, en vérité… Mais j’ose
croire qu’un jour, mes conseils lui serviront. Prétention.


- Pourtant les conséquences des traités de Versailles et de Sèvres ont déjà
commencé à se faire sentir ici ou là… Contre nous même, au Caire en Perse et à
Bagdad dès 1919, les kémalistes en Turquie, contre les Arméniens, les Kurdes,
les Français, les Grecs et les Italiens… Les troubles et les massacres récurrents
en Palestine depuis 16 ans maintenant… Et la montée de l’ultranationalisme aux
quatre coins de l’Europe… Si loin de l’idée que je me faisais de la nation, si
proche de celle que défendait Ernest Renan… Plus qu’une langue, qu’une
religion ou qu’un territoire : cette envie irréductible, ce vouloir vivre ensemble
parce qu’on a su, le moment venu, savoir souffrir ensemble pour une idée
commune et belle qui nous dépasse…


- Mais peut-être ne sont-ce là que les élucubrations d’un fou…


Il chasse cette pensée comme il le ferait d’une mouche…


- Pourtant je reste convaincu qu’on n’humilie pas impunément des peuples
entiers sans avoir un jour ou l’autre à en payer le prix. Le dénier, c’est faire
preuve d’une prétention et d’une morgue aveugle qui ne saurait préserver
quiconque de se heurter de plein fouet à l’obstacle qu’il a lui même dressé sur sa
route…


- Évidemment, sur le coup, les victoires sont toujours belles… C’est après que
ça se gâte, lorsqu’il faut boire jusqu’à la lie la coupe de sang chaud que l’on
vient de tirer…


Il veut laver sa bouche…


- Je n’ai rien oublié de celles-ci, ni Aqaba, ni Damas, ni aucune autre, mais il
m’arrive plus souvent encore de me rappeler le rythme de ce poème qui avait
surgi de l’enfance alors que j’attendais passivement d’être piétiné par la charge
des chameaux emballés par la fureur de leurs cavaliers :


- « Car, seigneur, j’étais libre de choisir entre toutes les fleurs, mais j’ai pris les
tristes roses du monde et c’est pourquoi mes pieds sont déchirés et mes yeux
aveuglés de sueur… »


- Sans doute aurais-je du en sourire et attendre, confortablement installé dans le
fauteuil en cuir de quelque club londonien, que le temps passe et que les
événements me donnent raison… Sans doute, serais-je moins passé pour fou que
d’avoir refusé l’ordre du Bain, mon grade de colonel et la solde qui
l’accompagnait pour m’engager anonymement avec les sans grade dans une vie
qui ne valait pas plus que 2 shillings et 9 pence par jour… Sans doute…

 

Mon avis :

 

Lawrence d'Arabie à contre-corps est un texte magnifique et très fort, qui m'a beaucoup touché.  

La dernière nuit  de Thomas Edward, la lutte d'un corps et d'une âme, c'est douloureux, inextricable.   Les mots sont choisis,  un très beau travail d'écriture, un texte bouleversant...

Je n'ose en dire plus pour laisser le lecteur qui découvre ce texte s'en imprégner à sa juste valeur.

A lire absolument...


Un grand merci à Franck-Olivier Laferrère pour m'avoir permis de lire ce très beau texte...

 

  « Dans la vitesse, nous nous ruons
Au-delà de notre corps
Nos corps ne peuvent escalader les cieux
Que dans les vapeurs d’essence
Os, sang, chair, tout en nous est broyé... »


Thomas Edward Lawrence



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30 mai 2012 3 30 /05 /mai /2012 18:53

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"Je recherche l'or du temps", écrivit le poète André Breton.

Cette maxime aurait pu être celle d'Aurélien, héros de ce roman d'aventures initiatique.

Depuis qu'une abeille a déposé sur sa ligne de vie une fine trace de pollen doré, ce jeune Provençal de la fin du XIXème siècle ne rêve plus que de l'or -un or symbolique, poétique, qui représente bien plus que le métal précieux.

Son rêve le décidera à se détourner des champs de lavande familiaux pour installer des ruches et fabriquer le miel le plus suave. Puis, après l'anéantissement de son travail par un violent orage, à partir pour l'Abyssinie, où l'attend une femme à la peau d'or, qu'il a vue en rêve...

 

Extrait :

 

Un matin de janvier, Aurélien trouva une abeille morte dans la neige.  Elle était vêtue d'or et de noir, véritable bijou de feu dans un océan de blancheur. Il la prit délicatement entre le pouce et l'index et la posa sur sa paume.

Au contact de sa peau, l'abeille gelée se brisa comme du verre.

Quand il ouvrit la main et la tourna vers le sol, il vit avec tristesse un peu de poudre d'or scintiller dans les airs et disparaître sur la neige.

 

Extrait 2 :

 

Cette femme possédait le pouvoir d'inoculer le venin de l'amour rien qu'en vous regardant.

Dans le feu de son regard, on décelait un poison violent pour le coeur.

Les yeux de la jeune femme avaient réveillé en lui une ancienne douleur, lancinante, comme une piquûre d'abeille. Un douleur d'amour dont le dard ne peut s'extraire.

 

Extrait 3 :

 

Cette nuit-là, tout en marchant dans le désert, Aurélien, eut l'intuition de cette chose qui ne vient qu'au moment de mourir : la vie ne tient qu'à la solidité d'un fil. Un fil d'or tissé par les jours où l'on comprend que le besoin d'étancher sa soif sera toujours plus fort que le plaisir de boire. Que le besoin de rester en vie sera toujours plus beau que le plaisir de vivre.

Et il eut envie, de toutes ses forces, de rester rattaché à ce fil.

 

Mon avis :

 

"Pour Aurélien, la vie était une curieuse abeille d'or qui brille au loin, s'envole, se grise de parfum en parfum, se cogne aux vitraux du soleil et cherche, dans l'immensité du ciel, le nectar de sa propre fleur".

Aurélien n'a qu'une envie devenir "chercheur d'or" pour lui cela signifie  apiculteur. Depuis le jour où enfant une abeille chargée de pollen était venue se poser sur sa main et avait laissé une poudre d'or qui coupait sa ligne de vie, il a rêvé de miel.

Son rêve va l'emmener en Abyssinie, où il va rencontrer la reine des abeilles...

Il rentrera en Provence, avec son souvenir, et va continuer son rêve. A la suite de sa rencontre avec un ingénieur de génie, il va bâtir Apipolis, la cité des abeilles, composer un Opéra de l'Or jusqu'à la note d'or...

Un livre pour rêver...

Maxence Fermine nous entraîne dans le rêve avec délice, l'écriture est sensuelle, l'aventure d'Aurélien m'a laissé un goût de miel et une douce odeur de lavande une fois le livre refermé.

 


http://ecx.images-amazon.com/images/I/41HDDS28WVL._AA115_.jpg


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